
Chers amis,
Lors de la dernière réunion de la commission des Transports du Parlement européen, nous avons abordé la question de la part du budget 2018 de l’Union européenne, consacrée aux transports. Naïvement, je pensais donc que nous allions parler du financement des ports, aéroports, chemins de fer, autoroutes… Naïvement, je croyais que la qualité, l’entretien et la modernisation des infrastructures de transports ainsi que la pertinence de certains grands travaux, comme le Lyon-Turin, seraient au cœur des débats.
Et bien pas du tout ! L’attention de mes collègues portait sur tout autre chose : le passe InterRail qui permet de bénéficier de réductions tarifaires valables dans une trentaine de pays européens pour les voyages en train. Plusieurs députés souhaitent que ce Pass soit offert, oui offert, à tous les jeunes européens pour leur 18ans, un coût estimé à près de 2 milliards d’€ selon la Commission. Une somme rondelette en cette période de disette pour beaucoup de nos compatriotes… mais c’est le cadet des soucis pour ces députés eurobéats, convaincus que ce cadeau est – je ne plaisante pas – : un outil indispensable afin de lutter contre la montée des populismes en Europe.
Car oui, si ces Eurodéputés défendent l’InterRail avec tant de vigueur, c’est pour, disent-ils, développer « une identité européenne », à l’heure où le « populisme et la diffusion de la désinformation sont deux des principales menaces auxquelles l’Europe est actuellement confrontée ». Ce sont là les propres mots de Manfred Weber, chef du PPE, groupe auquel sont affiliés les Républicains… Donc, si je suis bien le raisonnement de Monsieur Weber, l’islamisme, le terrorisme, l’immigration, le chômage de masse ne seraient que des problèmes secondaires. Pour tout ce petit monde, pratiquant l’entre-soi politico-médiatique, il y a beaucoup plus important : faire barrage aux mouvements nationalistes européens. Vous apprécierez ce sens des priorités.
Je trouve par ailleurs assez savoureux d’entendre dans leur bouche le terme « identité ». Eux qui ne perdent jamais une occasion pour conspuer et vouer aux gémonies, quiconque s’attache à défendre l’« identité nationale » et la civilisation européenne face aux véritables menaces qui pèsent sur notre continent et nos peuples….Ils se découvrent, l’espace d’un court débat, ardents défenseurs d’une identité européenne qu’ils invoquent et instrumentalisent pour vendre leur construction européenne. Peu leur importe que cette construction se soit révélée être au fil des années un édifice branlant et vermoulu, miné de l’intérieur par une série de vices structurels qui conduiront à son effondrement comme jadis l’Union soviétique… Après eux, le déluge. En attendant, ils tentent de sauver ce qui peut encore l’être, avec des gadgets donnant l’illusion que l’Union n’est pas morte.
L’Union européenne n’est ni unie, ni européenne. Elle n’est pas unie : il suffit de constater la manière dont Bruxelles se comporte avec la Grèce, la Hongrie, la Pologne pour ne citer que ces pays-là. Elle n’est pas davantage européenne : il suffit d’observer l’attitude des eurocrates. Elle est pleine d’hypocrisie… Comment en effet se prétendre européen quand on met la Russie au ban de l’Europe tout en négociant l’adhésion de la Turquie ? Quand on accepte et encourage la submersion migratoire ? Quand on défend élites dirigeantes et multinationales au détriment des intérêts de nos propres peuples ?
On ne peut ainsi mentir indéfiniment aux Européens. Les couloirs froids et sans âme des bâtiments bruxellois où sont promues l’identité et la citoyenneté européennes en disent long sur la vacuité de ces concepts lorsqu’ils sont rattachés à l’Union européenne. L’identité et la citoyenneté que célèbrent les bureaucrates européens ont une signification aux antipodes de celles que nous défendons. Ce qu’ils nomment « identité européenne » n’est rien moins que le produit d’une idéologie cosmopolite menaçant de dissoudre la civilisation européenne dans ses fondements. Leur « identité européenne » tourne le dos à l’histoire européenne, à ses racines chrétiennes, à son héritage spirituel, à son legs culturel… Elle rejoint ces mots insensés du pape François : « l’identité européenne est, et a toujours été, multiculturelle et dynamique ». Sans immigration, elle est condamnée à n’être plus qu’une « Europe grand-mère, vieille et stérile… ».
Chers amis, en aucun cas nous ne pouvons souscrire à cette vision. Il nous faut résister aux fantasmes de cette Union européenne, temple du politiquement correct. Il est de notre devoir de rappeler que les cultures ne sont pas interchangeables, que l’Europe doit protéger ses peuples, ses nations souveraines, son patrimoine, son excellence technique, son art de vivre et sa civilisation. Ses frontières aussi, car il n’y a pas d’identité, ni de citoyenneté sans frontières. Fort heureusement, l’Union européenne n’est pas l’Europe… Elle n’est qu’un ensemble de règles et d’institutions supranationales, sans légitimité démocratique, se rêvant en super-État.
Et le Brexit démontre que ce super-État n’est finalement qu’un colosse aux pieds d’argile.
Renouons donc avec le véritable esprit européen loin des chimères européistes et mondialistes. Européenne, d’expression française, je vous invite à être des dissidents de la pensée dominante, à être fiers d’appartenir à une grande et noble civilisation et à méditer ces mots de Chateaubriand : « Je respecte l’opinion de l’Europe, mais elle ne sera jamais une autorité pour moi, en ce qui concerne les intérêts particuliers de mon pays ; je suis trop français pour oublier un moment ce que je dois à l’indépendance de la France. »